La Parole et la paix :
dons de Dieu pour
un témoignage commun
Par le Père Miguel Desjardins,
directeur du Service national pour l’unité des chrétiens
à la Conférence des évêques de France
Au moment de publier ces pages, l’invasion de l’Ukraine par les forces russes se poursuit. Un grand nombre de personnes déplacées, surtout des femmes et des enfants, majoritairement orthodoxes, sont d’ores et déjà accueillies par des personnes et des paroisses de toutes confessions, en France et ailleurs en Europe. Ces efforts témoignent d’une remarquable solidarité chrétienne, mue par l’amour du prochain qui transcende les barrières entre nos Églises (pp. 7-8). Prions intensément pour la paix en Ukraine, et que l’élan œcuménique de générosité nous rapproche. « Paix des Églises, paix du monde ? » tel était le titre du colloque, début mars, de l’Institut supérieur d’études œcuméniques de Paris qui a rassemblé plus de 400 personnes (pp. 9-10). La paix en Christ est un don précieux pour le monde : cette conviction a résonné de manière toute particulière pendant ces trois jours.
Autre élan œcuménique au cœur de ce numéro : l’enjeu d’une lecture commune de la Bible. L’Écriture est-elle pour nos Églises « pierre angulaire ou pierre d’achoppement » ? – pour reprendre le titre du colloque qui s’est tenu à Lyon en novembre dernier et que l’on déclinera dans ces pages.
Dans l’« Abécédaire » (pp. 4-6), la pasteure Nicole Fabre nous rappelle que la lecture commune des Écritures a renouvelé nos Églises dans la première moitié du XXe siècle et a conduit à la Traduction œcuménique de la Bible (la « TOB »). Une approche œcuménique dans l’écoute des textes est source abondante de fruits. Des lectures initialement « étrangères » peuvent ouvrir un « angle nouveau » afin d’entendre « une parole de Dieu lui-même, toujours neuve et bouleversante ». Dans la même rubrique, Anne Schweitzer présente la Lectio Divina qui vise « l’échange intime avec Dieu, la descente de sa Parole au plus profond du cœur ». Elle est « un repas, un festin » à partager, une communion à laquelle nous pouvons déjà goûter, entre nos Églises. Un écho orthodoxe (pp. 27-28) confirme l’expérience renouvelée de la Parole de Dieu lorsqu’on ose sortir de nos repères habituels pour accueillir l’Écriture à travers une autre tradition.
Dans le « Dossier », les coprésidents du Conseil d’Églises chrétiennes en France s’expriment sur les bienfaits d’une approche œcuménique quand on se situe face à la Bible (pp. 12-13). L’Esprit de Dieu ne doit-il pas habiter l’interprétation que nous donnons des Écritures afin d’être des témoins crédibles qui rendent la Parole de Dieu accessible pour le monde ?
D’autres contributions concernant le colloque sur l’Écriture mettent en avant les diverses méthodes d’analyse et d’interprétation, leur nécessité et leurs limites (pp. 18-22). Ces tensions ne sont-elles pas autant d’occasions de dialogue et d’approfondissement ?
Le professeur Frédéric Chavel souligne l’importance de penser l’unité des chrétiens en considérant « les attentes des individus qui n’ont pas su trouver leur place dans nos Églises » (pp. 23-26). L’« entre-soi » ne risque-t-il pas de provoquer une « myopie » de la visée œcuménique ? Il nous propose de renouveler la théologie œcuménique en regardant l’autre Église – et la nôtre – à partir de ce qui manque (le defectus) et de ce qui semble être « en trop ».
Dans le « Rendez-vous » (pp. 29-31), le Révérend Peter Hooper, nommé il y a un an à la tête de l’Église anglicane en France, nous relate son cheminement personnel et ses convictions œcuméniques au service du partage de la Bonne Nouvelle « avec la génération d’aujourd’hui ».
Enfin, avec la perspective de la Pentecôte, la rubrique « Vu de chez vous » (pp. 36-38) nous entraîne au cœur d’un rassemblement atypique, en famille, pour faire une expérience multiforme de la présence agissante de l’Esprit Saint ! Bonne lecture !