Revue Unité des Chrétiens, n° 195 (juillet 2019)
Sommaire
ÉDITORIAL : Ministères dans la culture (Emmanuel GOUGAUD)
ABÉCÉDAIRE ŒCUMÉNIQUE : L’Église apostolique arménienne, martyr et renaissance (Philippe S. Sukiasyan)
ESSENTIEL : En marche vers 2033 ! (Martin HOEGGER)
CÉCEF: Le CÉCEF : actualités
DOSSIER : Ministères dans la culture
La figure du prêtre dans le cinéma français depuis 2000 (François HUZAR)
François Huzar raconte pourquoi et comment le mystère du sacerdoce, manifestation de la divinité rejoignant l’humanité, continue de fasciner le cinéma.
À propos de la figure du pasteur au cinéma (Serge MOLLA)
La figure du pasteur au cinéma, selon Serge Molla, illustre le rapport de la société au christianisme. Plus encore, si le cinéma met en scène des prêtres ou des pasteurs, n’est-ce pas parce qu’eux aussi jouent un rôle ?
La figure du ministre orthodoxe dans la filmographie (Jean-François COLOSIMO)
Jean-François Colosimo livre sa cinémathèque. Malgré la sécularisation, aux étapes fondamentales de l’existence humaine, on ne peut pas encore se passer du prêtre.
Le ministre, un héros romanesque du XXIe siècle ? (Frédéric GUGELOT)
L’historien Frédéric Gugelot répond à la question : peut-on faire de la littérature avec des prêtres ou des pasteurs ?
L’évolution de la figure du ministre et du consacré dans la BD depuis l’an 2000 (François FRANCART)
Frère Roland Francart s.j. nous signale l’abondance des productions récentes de bandes dessinées chrétiennes.
Les jurys œcuméniques : un défi, un témoignage, un dialogue (Denyse MÜLLER)
La pasteure Denyse Müller nous fait monter les marches des plus prestigieux festivals internationaux de films ! Elle nous raconte la grande aventure des jurys œcuméniques dans le monde du cinéma.
Une websérie bouscule l’image des pasteurs dans la société (Lauriane SAVOY)
Une pasteure et comédienne genevoise propose une vision humoristique et décalée de son ministère, à travers le regard de son mari agnostique. Les Églises réformées de Suisse romande, qui financent le projet, touchent ainsi des milliers d’internautes.
Prêtres et ministres dans le cinéma (Marc RASTOIN)
Le père Marc Rastoin s.j., nous offre un magnifique panorama, détaillé et complet. Unissant le cœur de la religion et de la vie, prêtres et pasteurs sont des figures cinématographiques par excellence.
RENDEZ-VOUS avec Mgr Vahan HOVHANESSIAN
JALONS SUR LA ROUTE DE L’UNITÉ : Mars-mai 2019
LECTURES
AGENDA
Éditorial
Ministères dans la culture
Cet exemplaire d’Unité des chrétiens arrive en fin d’année scolaire, période propice aux changements. Votre communauté paroissiale a peut-être fêté le départ de son pasteur. Celui-ci ne sera éventuellement pas remplacé. En effet, la déchristianisation contemporaine engendre une raréfaction du clergé : les chrétiens sont invités à vivre la consécration de leur baptême sans tout attendre de leur ministre. Même si ce mouvement portera des fruits de renouveau, la baisse du nombre de ministres est une préoccupation commune à toutes nos Églises. Aussi, votre revue vous emmène-t-elle là où la crise des vocations n’existe pas ! Là où prêtres et pasteurs sont toujours très actifs, souvent admirés, quelquefois interrogés ou critiqués mais bien visibles !
En effet, si les ministres sont moins présents dans la vie de tous les jours, ils restent toujours très prégnants dans les créations culturelles du cinéma, de la littérature, de la bande-dessinée ! En lisant ce numéro, nous serons certainement surpris de la récurrence, même de la résurgence de la figure de l’homme ou de la femme de Dieu. Ce n’est pas le moindre des paradoxes. Il y a de moins en moins de prêtres ou de pasteurs. Ils demeurent héros ou héroïnes de romans, BD, films, websérie. Comment analyser cela ?
Prêtres et pasteurs sont d’abord signes du rapport de notre société à la transcendance et au christianisme. La présence des ministres du culte dans la culture atteste de la pertinence toujours renouvelée de la question de Dieu.
En définitive, très peu d’œuvres usent des caricatures ou des poncifs sur le clergé. Au contraire, la présence du clerc est souvent l’occasion de développements métaphysiques sur le sens de la vie.
Par ailleurs, prêtres et pasteurs sont des personnages romanesques ou cinématographiques par excellence. Leur ministère les met en lien avec ce qu’il y a de plus intime. Ils reçoivent cette mission de prendre soin des âmes dont ils sont les confidents et les accompagnateurs. Ils sont témoins des ravages du péché mais aussi de la puissance de la résurrection de Jésus et ce d’abord en eux-mêmes. Pardonnés, ils font l’expérience de la miséricorde divine avant d’en être les témoins. Aussi, ils sont des hommes et des femmes de hiatus. Ils sont acteurs des passions et des tourments de l’âme dans ce qu’ils sont, disent, font. L’expérience de l’humanité dans toutes ses paradoxales précarités, chez les autres et chez lui, qualifie le prêtre ou le pasteur pour le roman, le film ou la BD représentant des caractères d’humanité. En le mettant en scène, nous assistons presqu’à une mise en abyme. Ce procédé littéraire ou cinématographique consiste à placer à l’intérieur de l’œuvre originale une œuvre reprenant de façon plus ou moins fidèle des actions ou des thèmes de l’œuvre principale. Par exemple, le roman décrit un romancier au travail. Un prêtre ou un pasteur constitue une mise en abyme au sens où le ministre est le microcosme de ce que cinéma ou littérature déploient : le cheminement d’un être humain, entre ombres et lumière.
Enfin, le Dieu de Jésus parle aux hommes avec le langage humain. Dieu a tant aimé le monde qu’il s’y est « encharné » selon l’image de Charles Péguy. Tous les niveaux d’intelligence de l’esprit humain concourent à traduire cette Révélation. Culture et christianisme ne cessent de s’interpeller. Que cet été nous permette de tenir d’une main l’Évangile et de l’autre un roman, une BD ou un film.
Père Emmanuel Gougaud